Je sais, mon dernier billet remonte au mois de février… Dans mes derniers écrits, j’expliquais beaucoup ce qu’était l’Asperger et le TDAH, comment ça fonctionnait, et ce qu’étaient leurs impacts; j’étais en mode exploration. Rendu là par exemple, j’avais besoin d’aller plus loin.  J’avais besoin de temps pour approfondir, lire un peu plus, et réorienter mes stratégies d’adaptation actuelles pour tenir compte des connaissances acquises. Et il y a des choses à changer qui ont plus de 45 ans de vie! 😉

C’est bien beau lire, mais il faut mettre ça en pratique après. Donc, voici une nouvelle série de billets orientés plus sur les stratégies d’adaptation que j’ai mises en place pour avoir une meilleure expérience de vie. Il sera question de :

  • Mes lectures
  • Mon travail avec ma coach
  • Ma relation avec mon travail et mon rôle chez Desjardins
  • Et bien sûr, des changements récents à mon environnement personnel. Je garde le meilleur pour la fin, et ça devrait faire pardonner mon absence du web des quelques derniers mois. 😉

Parlant de travail, qui est la première choses que j’ai adressée avec ma coach, je vous invite à une conférence que je donnerai avec Bertrand Beauté mon patron chez Desjardins, le 15 novembre 2018 sur l’heure du diner à l’espace Desjardins. Bien entendu, nous parlerons ensemble de ce qu’on a mis en place pour faciliter mon expérience d’employé Desjardins. Pour vous inscrire à la conférence :  https://www.eventbrite.ca/e/billets-la-neurodiversite-les-avantages-de-linclusion-mtl-52222591176

Pour un avant-goût, je publierai un billet bientôt pour introduire la conférence 😉

Primo : les lectures, ça aide à comprendre, mais…

Oui, j’ai lu pas mal sur ma condition. J’ai mis en ligne une page avec l’ensemble de mes lectures. J’ai pris le temps d’assimiler, et comprendre une grande partie de cette information. Pourquoi? Pour comprendre comment ça marche tout ça, pour bien saisir les manifestations qui me touchent, et établir des patrons, ou des relations de cause à effet. On se souvient que les diagnostics (billets diagnostic : I , II ) sont souvent difficiles, car il s’agit d’une série de symptômes (manifestations) qui peuvent être présents, ou non, selon où l’on se trouve dans le spectre de l’autisme (TED, TPL, Asperger etc…).

En gros, de mes recherches et de mes lectures, je retiens qu’il y a deux types d’ouvrages.

  • Il y a ceux qui sont plus « scientifiques », souvent présentés par des professionnels du domaine. Ils permettent de tisser les liens entre les symptômes, et de comprendre le Pourquoi et le Comment. Leur rôle est d’expliquer. En revanche, ils n’indiquent pas beaucoup quoi faire pour aider. Oui, il y a des idées de thérapies ou de techniques, comme par exemple, beaucoup proposent la thérapie cognitivocomportementale, mais c’est à très haut niveau, rien de concret pour travailler.
    • Tony Attwood est pas mal la référence dans le domaine. C’est mon petit favori. J’ai pas mal tout lu ce qu’il a écrit sur le sujet. Pour le lire, ça prend certaines connaissances de base en psychologie, mais il est accessible si on a ces bases. Ma formation universitaire me demandait beaucoup de cours de psychologie sociale, alors je suis arrivé à m’y retrouver facilement.
  • Puis, il y a les types « témoignage ». Tout aussi intéressants, ceux-ci ont souvent le rôle de vulgariser, de rendre accessible l’information, en la racontant à travers des yeux de personnes ayant le syndrome d’Asperger. Un peu ce que j’ai fait avec mon blogue dans mes premiers articles! 😉 À nouveau, oui on aura quelques trucs de la part de l’auteur, mais rien de solide pour dire voici « LA MARCHE » à suivre!
    • Ceux-ci sont souvent les premiers livres qu’on voudra lire. Ils sont souvent riches en éléments avec lesquels on peut comparer notre propre vie. Après la réception de mon diagnostic, c’est vers ce type d’ouvrage que je me suis d’abord dirigé, simplement pour venir m’aider à « confirmer » mon diagnostic… Comme si j’étais sceptique.

Si les uns m’ont donné toute la théorie pour comprendre comment ça fonctionne, et que les autres sont venus confirmer mes différentes manifestations, aucun ne m’a proposé de piste de solutions, d’aide à créer des bonnes stratégies d’adaptation.

Ce qui est rassurant, c’est que tous s’entendent pour partager la même information avec un degré de profondeur plus ou moins grand. Mais à quoi sert toute cette lecture? C’est pour mieux comprendre les liens pour mieux planifier MES stratégies. C’est là où c’est l’fun d’être Asperger! Je m’explique : 😉

Toutes ces lectures permettent en réalité de se faire un schéma des différences, et des similitudes, de sorte qu’une forme de carte se dessine. Une fois le tout dessiné, il sera plus simple de créer des stratégies d’adaptation basées sur les bons éléments. Rappelons-nous que mon cerveau d’Asperger a besoin de comprendre les détails, pour se faire une idée générale des choses, et non l’inverse comme la majorité des gens.

Là où je suis gâté, et c’est tout le positif de l’Asperger, c’est que quand j’ai compris, j’ai assez de créativité et de « drive » pour adapter ce que j’ai lu à ma réalité, de faires des essais et erreurs et finalement me créer mes propres stratégies d’adaptation.

Une stratégie d’adaptation, c’est quoi?

Il faut comprendre que le cerveau de l’Asperger fonctionne un peu différemment, ce qui fait en sorte qu’on ne vit pas les choses de la même façon. Et ça, on ne peut rien y changer. Il n’y a pas de pilules, pas de chirurgie, et même pas de thérapie. Ça ne se guérit pas, car ce n’est pas une maladie.

Le quotidien de la vie est fait pour la majorité, ceux qui ont un cerveau « neurotypique », et c’est normal. Par contre, celui qui est Asperger doit adapter ses comportements, ses modes de vie, afin de pouvoir fonctionner dans le monde des neurotypiques (on dirait que je parle des moldus d’Harry Potter!). 😉

Donc une stratégie d’adaptation représente ce que nous devons faire pour être capables d’avoir une expérience de vie similaire aux autres. Un exemple rapide : je fais toujours mon épicerie le dimanche matin à l’ouverture. À 8h00, c’est vide. Pas trop de contacts sociaux, pas trop de « S’cusez pardon! », et pas d’attente (mon p’tit côté TDAH ;-)). C’est vrai que c’est cool, mais il y a aussi des « downsides » : mes dimanches matins sont hypothéqués, certains produits ou services, ne sont pas disponibles si tôt.

On comprend ici qu’il s’agit de saisir comment ça marche, de le décomposer et de trouver une façon « saine » pour nous permettre d’avoir une belle qualité de vie en société malgré nos différences.

Avoir un(e) coach 

Depuis maintenant un an et demi, je travaille avec Barbara. Bien sûr, il s’agit d’une psychologue, mais j’aime mieux utiliser le terme « coach » dans la situation actuelle. Je dis ça dans le sens où il n’y a rien à réparer, rien à guérir. Ce n’est pas non plus un accompagnement dans une phase difficile de la vie. Il n’y a pas de thérapie à proprement dit pour « régler » l’Asperger; j’ai plus besoin d’orientations, de validations, et de conseils sur une base régulière.

Comme mes perceptions sont différentes, j’ai besoin d’un coup de pouce pour voir les choses un peu plus avec la perspective neurotypique. Un peu comme le rôle du cinquième membre des Beatles (leur gérant), qui permettait au groupe de voir les choses de l’extérieur. Je crois que lorsqu’on est très « focussé » sur certains détails, c’est plus difficile de voir l’ensemble de l’œuvre.

En même temps, pour être capable de pouvoir parler de ces choses-là, j’ai besoin de pouvoir le faire avec quelqu’un qui réalise bien la différence entre l’Asperger et le neurotypique. Barbara connait bien cette réalité, et c’est facile de parler sans avoir peur du jugement.

Quand j’ai essayé de faire ça avec des non-professionnels, je me heurte toujours au fameux « Ben tsé Philippe, on est tous un peu comme ça…», ou le « On dirait que tu manques de volonté! »  ou celui que je déteste le plus : « Mon Dieu, pourquoi tu rends les choses si compliquées? » C’est correct, je comprends cette réaction, et c’est justement pour cette raison qu’on parle d’handicap invisible. 😉

C’est un peu le rôle de Barbara avec moi, et j’aurais tendance à recommander le coaching pour un Asperger. Ça permet d’analyser les choses qu’on ne perçoit pas, mais qui permettent de comprendre comment les neurotypiques fonctionnent. Ainsi je connais un peu plus la « cible » de mes stratégies d’adaptation.

En conclusion 

C’est le premier d’une série de billets dans lesquels oui, je partagerai un peu plus les actions que j’ai posées, ou que je suis en train de mettre en place pour faciliter mon expérience d’Asperger dans ce monde neurotypique. Donc, oui j’ai lu beaucoup, et oui ma compréhension est meilleure, mais ce n’est pas tout de savoir, il faut passer à l’action.

Mon prochain billet portera sur mon expérience de neurodivergeant en tant qu’employé de Desjardins, qui fait une belle place à la diversité et l’inclusion. 🙂

Publié par Philippe Ouellette

Je suis Geek et fier de l'être. J'ai 15 ans d'expérience dans les technologies de l'information. Travaillant sur plusieurs plateformes, je suis expert utilisateur des solutions Microsoft dont SharePoint et Office365. Souvent premier à essayer de nouveau produits ou concepts, je fais partie des novateurs et j'aime à cultiver la créativité et l'innovation au quotidien. Je suis aussi un grand disciple d'un mode de vie santé. Je pratique activement le canicross, la course à pied, le vélo, le badminton et la randonnée pédestre.

Un commentaire

  1. Bonjour mon cousin,

    Je veux te féliciter pour la progression que tu fais dans ta démarche de mieux-être. C’est très intéressant de te lire et je trouve tes textes très bien écrits. Je suis certaine que tu aides aussi beaucoup de personnes par ceux-ci.

    Prends soin de toi,

    Manon xxx

    Provenance : Courrier pour Windows 10

    ________________________________

    Aimé par 1 personne

    Réponse

Laisser un commentaire